Bureau de Matthew Rice

[Matthew Rice]

La pièce était grande, très grande même. Les murs blancs étaient recouverts de photos diverses d'acteurs célèbres accompagnées de leurs petites signatures, de lettres d'actrices ou chanteuses, des photos du directeur de Neverland, en compagnie de personnes si célèbres que des jeunes filles s'arracheraient la photo si elles tombaient dessus.
Un immense panneau publicitaire vantait la gloire de Neverland Production, et rappelait à son directeur les débuts plus ou moins difficile de l'entreprise. Les années s'étaient écoulées depuis, et s'étalaient au fur et à mesure sur le mur de la pièce, représentées par ces immenses panneaux.

Au sol, la moquette moëlleuse et douce réchauffait l'atmosphère, par sa couleur chocolat foncée; elle aurait fait blêmir d'envie la plupart des enfants, qui auraient adoré enfouir leurs pieds dans les moutons soyeux de la moquette. Celle-ci était impeccablement nettoyée, et pas une seule petite tâche ou morceau de papier ne traînait dessus; les femmes de ménage devaient être les mieux payées de l'immeuble, pour accomplir ce travail de géant, qu'était nettoyer le bureau du directeur de Neverland Production.

Elles le croisaient quasiment jamais, mais au vu de son bureau soigneusement rangé, elles pouvaient en parler comme s'il leur livrait ses moindres secrets.
Aucune feuille ne dépassait du sous-mains en cuir du bureau d'acajou; les crayons étaient rangés par types dans les petites pots qui s'alignaient sur le rebord: les crayons de bois dans l'un, les stylos dans l'autre, et son stylo plume, offert par Steven Spielberg, posé délicatement dans son étui de cuir, tel un précieux bijou.

Un téléphone, un pot à trombones, une agrafeuse, tels étaient les seuls objets qui ornaient le bureau qu'on pourrait qualifier de "présidentiel". Un fauteuil de cuir épais et rembouré trônait derrière le meuble d'acajou, et enfoncé, le front plissé et les yeux rêveurs, Matthew Rice siéfeait, tel un empereur face à ses ministres.
Les cheveux grisonnant, le regard gris et profond, il avait les posé les coudes sur le sous-main de cuir, et reposé son menton sur ses poings. Ses yeux étaient vagues, et ne se posaient ni sur la moquette chocolat, ni sur les photos accrochées aux murs blancs, encore moins sur la baie vitrée qui s'étalait derrière, et pouvait offrir la plus belle vue de New-York qu'on espérait. Ils étaient fixés sur la porte du bureau. Cette simple porte de bois clair, et cette simple poignée de métal gris, qui s'ouvrait sur le monde extérieur, sur ces journalistes, ces photographes, ces futilités qu'il détestait, et ces jeunes stars, acteurs ou chanteuses, qui avaient leur avenir entre ses mains. Nombre d'entre eux comptaient sur lui pour leur donner les contrats les plus juteux, les meilleures réalisateurs ou les paroliers les plus réputés; d'autres refusaient d'entrer dans ce moule, et préférait vivre aux dépend des rumeurs et des qu'en-dira-t-on, qui circulaient aussi rapidement qu'une mouche dans un hall de gare. En général, ces artistes n'étaient pas les moins bons, mais leur notoriété était à préserver.

Pour Matthew Rice, tel était le cas de Hailey Wilson. Jeune beauté à la voix d'or, un parcours de diva, et un avenir tout tracé. Elle excellait à la télé, où Crash amenait tous les espoirs escomptés, et signait des BO à succès. Elle avait tout pour plaire, et pour être heureuse: l'argent, la beauté, la jeunesse, la gloire...et aujourd'hui, un soit-disant petit-ami.

En règle générale, Matthew Rice laissait les rênes sur le cou de ses artistes, surtout des artistes comme Hailey Wilson, mais lorsque la vie privée s'appelait Peter Coldwell, il ne pouvait s'empêcher de fourrer son nez où les affaires n'étaient pas entièrement les siennes, et remuer tout ce petit meli-melo.
Pour Matthew Rice, qu'un de "ses" artistes sortent avec un rockeur, soit; mais que ce rockeur soit Peter Coldwell, là était le "hic". Un ype comme ce Coldwell ne pouvait que nuir à la réputation de la jeune Wilson, et Matthew ne souhaitait pas voir dans son système de production un nouveau "Doherty-Moss"; Hailey Wilson avait trop d'avenir pour devenir junky.

Peut-être était-il vieux jeu, peut-êre ce Coldwell n'était pas si terrifiant qu'il en donnait l'impression, aussi, Matthew Rice tenait à se faire son propre avis sur la question, après avoir entendu toutes les récriminations de son entourage à propos de ce Coldwell. "Qu'elle le quitte"; "Vire-là, elle va nuire à Neverland!" "Vire-la de Crash en attendant qu'elle recouve la raison!!" "Laisse-la faire!" "C'est bon pour son image!" Ces soit-disant "conseils d'amis" étaient rapidement passés à la trappe, et aujourd'hui, il était temps pour Matthew Rice de connaître réellement Hailey Wilson.

[Hailey Wilson]

Quand on lui avait dit que Matthew Rice, grand patron de Neverland Production, voulait la voir, Hailey avait tout d'abord était intriguée. La première question qui lui était venue était: pourquoi ? Elle avait alors cherché une raison... sans succès. Elle avait bien quelques hypothèses, mais elle avait finit par se dire que les questions étaient inutiles et qu'elle verrait bien le moment venu. Puis, elle avait été à la fois curieuse et en quelque sorte contente. Rencontrer le grand Matthew Rice, on pouvait le prendre comme une chance. Il intriguait pas mal pour beaucoup de raisons. Tout d'abord, il avait une carrière qu'on ne pouvait pas négliger. Et puis, c'était un homme charmant. Plus de la moitié des femmes qui travaillaient à Neverland le trouvaient séduisants, elle iccompris. Qui ne trouverait pas du charme à un homme tel que Matthew Rice. Alors, elle s'était dit que c'était l'occasion de rencontrer cet homme impressionant que beaucoup d'hommes devait jalouser. C'est vrai qu'il avait de la classe. Une bonne occasion de découvrir si la légende était vraie. En esperant que la raison de ce rendez vous n'était pas une mauvaise nouvelle, elle s'y était donc préparée. En fait, elle avait un instant pensé que, comme certains, il pourrait lui faire des reflexions sur sa possible relation avec Peter Coldwell, mais elle s'était raisonnée en se disant qu'il avait certainement mieux à faire que de gérer ce genre de choses. En fait, elle ne connaissait pas grand chose à son métier. Ni à la personne. Très certainement pas assez pour pouvoir deviner ses intentions.

Ce matin là, elle était plutôt déprimée en se rendant au travail jusqu'à ce que Danneel la maquille. Cette fille avait vraiment le don pour lui rendre la pêche. Son amie était parvenue à lui faire avouer les élèments de la veille... la crise de Pete. Puis, elle avait fait le pitre, comme souvent, et Hailey avait finit par rire de bon coeur. Grace à elle, elle avait retrouvé le sourire et était retournée au travail avec sa bonne humeur habituelle. Elle se doutait bien que Danneel allait trouver le moyen de faire une réflexion à son frère, mais c'était son amie... et les filles avaient souvent du mal à tenir leur langue comme les hommes semblaient le penser sans avoir tout à fait tort.
Après l'intervention de Danneel, elle avait même un peu oublié le savon que lui avait passé sa mère au téléphone. Ce qu'elle avait dit ? Qu'elle était sortie avec des amis et qu'elle n'avait pas entendu son portable. Mensonges... comme à chaque fois. La suite, elle verrait ce soir, Madame Wilson n'avait sûrement pas terminé de lui faire des reflexions. Elle avait donc mis de côté les problèmes pour travailler et s'amuser entre les prises, comme pratiquement chaque jour. Sans doute une erreur. Elle devrait sûrement remercier Adam Petterson pour ce fabuleux coup de pression. Ils en étaient venus à parler de son rendez vous avec Matthew Rice et celui ci avait jugé bon d'en dresser un portrait terrible de tyran qui voulait obligatoirement lui passer un savon pour une bonne raison.

Voilà pourquoi elle s'était retrouvée à l'étage de son bureau, en se mordant la lèvre. Elle allait tuer Adam Petterson x__x. Elle en était même au point d'avoir fait une pause aux toilettes pour vérifier son apparence. Robe jaune moulante au niveau de la poitrine avec un effet volant sur le bas et des petites chaussures à talons qu'elle aimait tout particulièrement, ses habituelles bouclettes relachées et le maquillage de Danneel. Il n'y avait pas de raisons de stresser de ce côté là.
L'heure du rendez vous venu, elle n'avait pas eut le temps de faire une pause plus longue aux toilettes. Devant sa porte, elle s'était raisonnée encore une fois. Allez, repensons à l'homme charmant qu'elle s'était imaginée, au séduisant Matthew Rice à la longue carrière... longue carrière qui le rendait en fait impressionant. Bon, elle n'était pas du genre à stresser comme ça. Si Adam n'y avait pas fourré son nez, elle ne serait probablement pas en train de se poser des questions. En sortant du bureau du patron, elle irait parler à Chris pour qu'il l'aide à monter un plan contre Adam. A moins que celui ci ne se moque d'elle pour sa trouille stupide.
Inspiration, expiration, elle avait finalement frappé à la porte du grand patron et était rentrée après sa réponse, un sourire timide sur les lèvres.

La première chose qu'elle croisa, ce fut son regard. Assis derrière son bureau, il ressemblait à Matthew Rice. Il avait l'air contrarié ? En colère ? Bon, c'était son imagination et ce crétin d'Adam x__x. Elle devait se reprendre. Elle allait probablement se sentir débile d'angoisser, et si elle montrait qu'elle n'était pas réellement à l'aise, il allait penser qu'elle avait quelque chose à se repprocher. Aux dernières nouvelles, elle n'avait rien à se repprocher... selon elle. Oui, si on lui repprochait d'être proche de Peter, elle ne trouvait pas que c'était quelque chose de mal. Têtue pour la vie !
Se tournant vers la porte, elle l'avait fermé doucement. Elle en avait profité pour fermer les yeux très fort, sa façon à elle de se concentrer. Elle n'avait rien dit, et pourtant ses lèvres avaient bougé. Une personne qui pouvait lire sur les lèvres aurait traduit:

"Courage Hailey !"

Finalement, elle s'était retournée avec un grand sourire. C'était son travail de donner l'illusion, et rien que pour faire enrager Adam, elle le ferait ! Calmement, elle s'était rapprochée du bureau, toujours silencieusement, et avait tendu une main chaleureuse vers lui. Elle était assez bien éduquée pour ne pas s'asseoir sans y avoir été invité. Tout comme elle l'était assez pour ne pas se montrer trop intime ou avoir un autre genre d'attitude irrespectueuse, parce que, ce type là, il méritait d'être respecté. Il pouvait sans doute tuer quelqu'un et... waaah, c'était quoi cette pensée peu rassurante ? Comment pouvait il tuer quelqu'un ? Ce n'était pas comme s'il appartenait à la mafia ou quelque chose dans le genre.
Elle n'avait pas perdu le sourire et elle finit par retrouver la parole:

"Bonjour. Enchantée de faire votre connaissance Monsieur Rice."

Quoi ? Elle n'avait pas dit Grand Monsieur Rice, Monsieur Le Directeur ou autres ? Elle n'était pas non plus trop polie si ? Euh... est-ce qu'elle devait l'appeler Monsieur Le Directeur ? Comme dans une genre d'école où on disait de toute façon Monsieur tout simplement. Bon, d'accord, elle était sensée avoir l'habitude, mais dans ces souvenirs, elle n'avait jamais rencontré un Grand Patron. Des personnes importantes oui, mais jamais autant, et jamais après avoir été manipulé par l'infame Adam Petterson. Il paierait pour ses crimes !

[Matthew Rice]

Hailey Wilson était telle que l'avait imaginé Matthew Rice. Les quelques photos qui lui étaient passé dans les mains lui avaient laissé un excellent souvenir, et ce visage poupon et souriant n'était en rien différent de celui de ces photos.
Certains trouveront cela étrange: un célèbre directeur de production ne connaît pas ses propres artistes. Il est vrai qu'en règle générale, Matthew aimait ces rendez-vous avec acteurs et agents, où seul quelques mots et bribes de phrases mielleuses et inutiles servaient à signer un contrat.Il avait alors décidé de prendre la tengeante, et d'instaurer de simples rendez-vous avec l'agent-seul, afin de parler en toute tranquillité, sans avoir à froisser les oreilles sensibles des artistes, parfois à fleur de peau. de plus, règle sombre du métier, certains agents se permettaient ainsi de ne pas dévoiler la totalité du contrat, conservant une certaine liberté de mouvement, et une emprise sur leur protégé.
Ces dessous, Matthew ne souhaitaient pas les connaître, il se protégeait derrière son masque de multi-richissime intègre et à l'éthique irréprochable.

Pour Hailey Wilson, la chose s'était déroulée de cette façon, et Matthew n'avait jamais eu à croiser la jeune star montante pour conclure quelque contrat que ce soit. Ainsi, elle lui était totalement inconnue, et dans ses grandes habitudes de tout faire par soi-même, il avait mis de côté les récriminations des uns et des autres, et autres rumeurs qui galopaient dans les studios.

Alors qu'il était en pleine réflexion, la porte s'était ouverte, et songeant à sa jeune secrétaire venue lui annoncer une venue quelconque, il ne prit pas la peine de lever la tête, les yeux posés dans le vague; seul le silence rompit ses songes éveillés. Julian Chase l'aurait depuis longtemps sorti de ses rêves si elle avait été dans la pièces...il ne s'agissait donc pas d'elle, mais de Miss Wilson.
Il releva brusquement la tête, tout à fait éveillé, et jeta un rapide coup d'oeil observateur à la jeune fille. Petite robe légère sur talons hauts, réhaussants légerement sa taille fine, les yeux pétillants et le sourire franc, telle fut la jeune fille qui apparu devant Matthew Rice. Elle était la même personne que sur ces photos qu'il avait eu entre ses mains.
Il se leva, et offrit à la jeune fille un sourire rassurant, ce sourire qui devenait paternel lorsqu'il s'adressait à Angeline. Il savait d'avance ce qui pouvait se passer dans la tête de la jeune femme. Trouille, intimidation, stress...toutes ces choses étaient le résultats d'articles de magazines, montrant Matthew Rice comme le tyran de Neverland, le dictateur de sa propre société; en vérité, il ne se montrait que strict et droit avec ses affaires.

Mais il ne pouvait changer le protrait dressé par ces journalistes, et à présent, il essayait de mettre Hailey Wilson à l'aise. Pas la peine de l'effrayer avec une attitude trop sérieuse, des mots strictes et un regard sévère. Tel n'était pas le but de ce rendez-vous.
Il serra doucement la main de Hailey, et lui fit un signe rapide, indiquant un fauteuil de cuir derrière le bureau d'acajou.

-Miss Wilson, c'est un plaisir partagé! je vous en prie, installez-vous.

Il se rassit dans son siège de président, et rangea quelques feuilles qui traînaient sur le sous-main de cuir. Il aimait l'ordre, la propreté, et ne pouvait supporter quelques affaires inutiles sur son lieu de travail.
Il reporta son regard sur Hailey, et croisa ses mains sur le bureau. Il se voulait ouvert, agréable, mais ne savait ce qui pouvait se passer dans l'esprit de la jeune femme. Pour Matthew Rice, le genre féminin pouvait être un grand mystère!

-Je vous remercie d'avoir répondu si vite à mon invitation. Je ne désire pas tourner autours du pot pendant de longues minutes, aussi, j'en viendrais directement au but.

Mais avant de parler de ce qui vous fait venir ici, j'espère que tout se passe aussi bien que je l'entend dire! N'hésitez pas à contacter ma secrétaire au moindre problème lié à votre travail, elle me transmettra votre message le plus rapidement possible.
J'aime savoir si mes artistes vont bien.

Matthew était clair et précis. Il avait souvent eu en face de lui de jeunes femmes qui n'attendait qu'une chose, que le directeur de Neverland leur lance une invitation à dîner, pour une soirée, voire une visite du musée le plus barbant de la ville. Trop de fois il avait du user de toute son habileté pour éviter un lapsus involontaire, ou un terme ambigü. Ces rendez-vous étaient des rendez-vous important, liés à son travail et Matthew, par son expérience, évitait de trop mêler le privé et le professionnel.
Il n'avait aucune idée de ce qui pouvait se passer dans la tête de la jeune Hailey, aussi, il préférait parler sans détour, tout en prenant garde aux termes qu'il pouvait employer.

-Le but de cette entrevue n'est en aucun cas pour discuter de contrat ou d'argent, je doute d'ailleurs que cela vous passionne. Au contraire, c'est un sujet que je n'aborde, en général, jamais avec "mes" artistes, leur laissant toutela liberté dont ils souhaitent, mas il peut arriver pafois qu'ils aillent trop loin, et comme aujourd'hui, je préfère alors éclaircir les choses, afin d'éviter tout malentendu.

Vous l'aurez compris, vous êtres une jeune femme intelligente et talentueuse, je veux parler de votre vie privée. Je ne m'en mêlerais pas autant qu'un journaliste, cependant, il est de mon rôle de vous mettre en garde...pour votre image, votre réputation, et votre avenir.

Il y a trop d'exemples d'artistes qui ont mal terminé pour que je vous dresse un tableau entier; tel n'est pas le but de ce rendez-vous. Je souhaite simplement vous avertir de la tournure que peux prendre la suite des événements.

Vous êtes jeune, talentueuse, douée, vous attisez les convoitise, vous pouvez être le rêve de millions de fans, vous vendez du rêve, Miss Wilson, prenez garde à ne point tout détruire pour un désir actuel, qui ne le sera peut-être plus dans quelques mois.

Matthew se tut, posant son regard sur la jeune femme. Il n'avait pas été trop sec, avait gardé un ton neutre et poli, mais on pouvait sentir une pointe de fermeté dans son regard. Même en ne connaissant pas Matthew Rice, on pouvait deviner que ce souci était pour lui un problème qui se révélerait important par la suite; Matthew ne convoquait que très rarement ses artistes pour ce genre d'ennui, et montrait par cette "convocation" que celui-ci l'empêchait peut-être de dormir en ce moment.

Il n'avait prononcé aucun nom, ni exposé clairement la situation, il laissait cette tâche à Hailey Wilson, si elle souhaitait lui en faire part. Lui se contentait de lui faire part de son point de vue.

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